A l’issue des concerts de luth on demande souvent pourquoi le cheviller de l’instrument est coudé. La réponse est toujours la même : on n’en sait rien.
Mais nous sommes un peu mieux informés en ce qui concerne les conséquences sonores de la théorbure ( prolongement des basses) sur la manière générale de vibrer de l’instrument.
L’invention du prolongement des basses par Piccinini (vers 1600) avait pour seul et unique but de rendre le registre basse de l’instrument plus plein et proche de l’orgue. La découverte qu’un cheviller droit avec des cordes de basse de plus grande longueur et de forte tension permet aussi d’influer positivement sur les registres aigus et moyens d’un instrument pourrait avoir été un avatar inattendu de cette invention.
La forme classique du « col de cygne » que l’on trouve dans les arciliuti et les théorbes italiens est d’une grande élégance et remplit parfaitement son rôle sonore dans ces instruments.
Stimulé par cette nouveauté, on a mis au point au cours du XVIIe siècle d’autres formes de prolongement des cordes de basse principalement utilisées dans les luths baroques français en ré mineur. Parmi les témoignages historiques on rencontre chronologiquement les types de constructions suivantes :
Cette dernière construction, dans laquelle huit chœurs sont placés sur la touche et cinq bourdons dans le second cheviller prolongé, représente l’apogée provisoire du développement du luth européen.
Selon que l’on souhaitera un registre de basse ample, moins résonnant ou intermédiaire, on optera pour l’une des trois constructions précédentes pour l’allongement des cordes de basses. Outre les considérations acoustiques, des points de vue pratiques et esthétiques jouent habituellement leur rôle.